Des évaluations des risques multiples pour un document unique.
Bonjour,
A la faveur d’une réunion entre préventeur la semaine passée, nous avons remis sur la table le sujet de l’évaluation des risques…
15 ans après la promulgation de la loi et du décret puis de la circulaire, où en étions-nous ???
Autour de la table, nous avions des avis à la fois partagés et communs.
Nous avons en commun, de tous avoir pêchés par excès à un moment ou un autre de notre carrière, c’est-à-dire que le tableau excel à plusieurs centaines de lignes a fait, voire fait toujours partie de notre quotidien. Nous avons presque tous en commun également la difficulté que représente un tel document dans sa lisibilité pour les managers.
Nous sommes encore presque tous d’accord sur le contenu : tous les sujets doivent être abordés… et l’un des points de « désaccord » est le niveau de détail acceptable dans ce document unique.
La population à cette réunion était intéressante car sur la douzaine de participants, nous étions 3 consultants-formateurs, une jeune diplômée en ergonomie puis des fonctions HSE voire SST au sein de diverses entreprises tant par leur histoire que leur activité.
Mon approche évolue également vis-à-vis de l’EvRP depuis mon changement de cap il y a 18 mois. A la faveur de la mise à plat d’une EvRP pour une TPE de 7 personnes, j’y ai vu un véritable challenge quasi aussi important que définir un standard dans une multinationale de 75.000 personnes… Pourquoi, tout simplement, l’enjeu que cela représente auprès du dirigeant et de ses équipes.
Nous avons opté, ensemble, pour une vision macro du document unique en apportant des axes de travail réalistes tout en conservant le listing INRS des risques comme point de référence. Et tout cela pour aboutir sur un document de deux pages et la création de 2 fiches sécurité au poste reprenant les deux grandes fonctions de son entreprise.
L’évaluation des risques est multiple, elle regroupe des sujets très variés même en restant sur le domaine des risques professionnels (nous ne parlons aucunement de risque commercial, économique, …). Aujourd’hui, de nombreuses entreprises évaluent des risques professionnels allant des machines au risque chimique en passant par les risques psychosociaux pour finir sur la posture de la personne faisant de la saisie sur ordinateur toute sa journée.
Le document unique est multiple par ses données d’entrée à l’image du schéma ci-dessous. Certaines évaluations peuvent nécessiter un regard expert. L’enjeu devient alors sa transcription dans le document unique pour qu’il reste compréhensible et lisible et c’était là l’un des points de désaccord : le détail…
Et comme le disait l’un des participants, également consultant formateur, nous devrions être capables de présenter une EvRP sur une page A4 !

Le document unique ne doit et ne peut être exhaustif. A vouloir l’excellence, on frôle trop souvent la médiocrité. Nous faisons l’autruche alors qu’il faudrait, à l’image d’un Félix Baumgartner avoir la chance de commencer très haut et se rapprocher des détails au fur et à mesure que l’on progresse (sans doute un peu moins vite puisque l’évolution se mesure en années).
L’approche globale (macro) demande l’engagement du manager alors que souvent il se complet dans le détail technique inextricable pour ne pas s’engager et trouver des excuses, confortant ainsi le préventeur dans sa découpe du cheveu qu’il a déjà pourtant tranché en 4. Cette approche macro portant sur l’organisation, les axes de développement, a une vertu car elle rejoint l’envie de chaque entreprise de progresser sur sa culture de prévention.
Je retiendrai la phrase de Lao Tseu « tout ce qui ne fut pas sera et nul n’en est à l’abri ». C’est l’un de mes postulats. Pour autant, il ne m’empêche aucunement d’être exigeant sur l’objectif et le résultat à atteindre.
Un DRPCE est-il utile et nécessaire dans son ensemble au sein du document unique ? une évaluation des RPS avec tous les éléments peut-elle être raisonnablement intégrée sans surcharger le document unique ?
Je prends volontiers l’exemple du risque chimique, sur lequel, les premiers à orienter sur des outils annexes sont les institutions. Tout d’abord des services de santé au travail ont mis en place des outils tels que CLARICE, TOXEV puis colibrisk avant que l’INRS nous sorte Seirich…
Je crois que le préventeur confond souvent évaluation des risques et document unique. Les évaluations des risques peuvent être multiples alors que la synthèse se doit d’être unique pour rester lisible.
L’enjeu sera ensuite, pour le préventeur, de trouver le moyen de hiérarchiser une priorité impossible entre les RPS et l’ATEX ou les chutes de plain-pied… lorsqu’il est concerné par les trois sujets qui peuvent sembler ressortir de manière homogène.
Mais ce n’est qu’un exemple pour illustrer la nécessaire simplification que nous trouverons sans aucun doute si nous nous faisons un peu violence.

@ votre écoute
Jérôme